Monsieur le Ministre des Transports,
Je souhaitais vous présenter mes plus vifs
remerciements et mes sincères félicitations pour le travail accompli par votre
département ministériel. Mes remerciements d’abord pour l’action positive de
votre ministère, qui m’a permis de découvrir en moi le conducteur citoyen
extrêmement respectueux du code de la route, communément vilipendé sous le nom
de « Moudawana ». Mes félicitations ensuite pour avoir enfin donné
corps à au concept de rapprocher l’administration du citoyen, un slogan bien
trop souvent galvaudé et systématiquement vidé de son sens.
Ma gratitude et mon administration ont été nourri
par une expérience personnelle que je souhaiterai partager avec vous.
J’avoue Monsieur le Ministre : j’ai perdu mon
permis de conduire dans ces circonstances qui reste encore aujourd’hui indéterminées.
Sans vouloir jeter l’anathème sur les autres,
la forme du permis rouge, qu’aucun portefeuille ne support, ne facilite
pas les choses non plus pour quelqu’un comme moi, appelé à conduire différents
véhicules, et donc obligé de trimballer son permis constamment sur moi.
Cela dit, je ne pensais pas qu’en entamant les
démarches administratives pour remplace mon »permis-brochure », je me
lançais dans une aventure humaine aussi fascinante que rocambolesque. Merci de
prendre la peine de la vivre avec moi à travers mon récit.
Dés que je me rendis compte de la perte de mon
permis, je me suis rendu au commissariat de mon quartier pour établir une
déclaration de perte. Démarche toute
simple me diriez vous ! Encore faut-il disposer d’une copie du document
perdu… « N’importe quel document
officiel avec le numéro du permis » me lance le gentil flic dans une
démarche conciliante lorsqu’il se rend compte de mon incapacité a assimiler pleinement
sa demande … « une
contravention, un document de l’assurance… ». Rien n’y fait, j’était dans l’incapacité
total de fournir ce numéro.
C’est là ou la première phase de l’expérience
humaine démarre, vécu par procuration par un membre de la famille vivant à
rabat et ayant ses « introductions » auprès de vos services en charge
du permis à Rabat.
Ce qui semblait être un requête toute simple :
Avoir le numéro du permis à partir d’un numéro de CIN, s’avère être un
véritable parcours du combattant. 4 mois de lobbying et d’interventions divers
et variées ont été nécessaires pour obtenir, un gribouillis de mon numéro de
permis, sur un bout de papier qui accède au rang de document officiel grâce à
un cachet.
Durant toute le processus, j’ai dû, sans que cela
ne soit exhaustif : Tenter de me rappeler le jour exacte de mon examen
passé il y a plus de 15 années, essayer de me rappeler du nom ou du visage de
mon examinateur, retrouver l’auto-école auprès de laquelle je me suis inscrit –
elle a malheureusement fait faillite-.
Inutile de préciser que toutes ses démarches se
sont passées dans une ville –Rabat- dans laquelle je ne vis plus depuis plus de
10 ans. Plusieurs déplacement on été nécessaires et heureusement, j’ai pu
compter sur la mobilisation d’un membre de la famille tout au long du
processus.
Avec mon précieux sésame, je me rends tout fier
chez mon ami policier conciliant, qui a eu besoin d’une dose supplémentaire de
consilience pour accepter le fameux bout de papier remis par vos services.
Ma déclaration en main, je me rends encore une fois
auprès de vos services, cette fois ci dans la ville où je réside, pour entamer
les démarches de remplacement de mon permis. Informé de tous les documents
demandés, je me mobilise toute une semaine pour expédier une affaire qui n’a
trop duré.
650 dirhams et 3 demi-journées de travail perdu
plus loin, je me présente, pas peu fier, encore une fois devant la préposée au
guichet du service chargé de la délivrance des
permis de conduire relevant de la délégation de votre ministère à Casablanca.
Constant que tout est nickel, la gentille dame me remet un reçu de dépôt, et
m’informe calmement qu’elle devait envoyer un fax a Rabat – ville ou j’ai passé
mon permis- pour s’assurer que mon permis existe bel et bien.
Tout en esquissant un sourire moqueur lorsque je tente de faire
prévaloir le fameux bout de papier obtenu non sans peine auprès des services de
Rabat, elle m’explique gentiment que je devait revenir, dans une semaine ou
deux, le temps que Rabat envois une confirmation.
Allons ! Me dis-je … le pire est passé … une petite
semaine, comparée aux 4 derniersmois, ce n’est rien …
Un mois plus tard, deux
fois refoulé car « Les gens de rabat
ne sont pas sérieux, il tardent beaucoup à répondre à nos fax » … Je
me résigne à appeler encore une fois a repartir à Rabat, escorté de ce membre
de ma famille avec qui j’ai pu -grâce à vous- tisser des lien très solide, pour
les inciter à répondre avec plus de diligence à leur collèges de Casablanca.
Je me lance dans le sprint final, avec toute la force de
l’espoir d’obtenir enfin mon précieux document, pour n’obtenir finalement qu’un
document temporaire … Les permis définitif étant préparé par je ne sais quel
entreprise spécialisée dans la production de documents sécurisés.
En perdant mon permis de conduire, j’ai découvert, au bout de 6
mois de procédure, les hommes et les femmes fantastiques qui peuplent vos
différents services dans différentes villes. J’ai passé avec eux des heures
incalculables, à demander, à supplier, à quémander un service, un
« plaisir ». J’ai promis à un nombre important d’entre de ne pas les
oublier … d’avoir une pensée spéciale pour eux.
Si ca ce n’est pas rapprocher l’administration du citoyen, je me demande
bien ce que ca peut bien être.
Après, vous vous doutez bien que durant ces 6 mois,
j’étais privé de mon permis de conduire.
Vous pensez bien que durant toute ces période, je n’ai pas pu me
résigner à renoncer à la voiture comme mode de transport. Malgré le tramway de Casablanca, les trains
nauséabonds de l’ONCF – une entreprise
publiques que vous connaissez certainement très bien- et les avions en retard
de la RAM – elle aussi sous la tutelle de votre administration), j’ai continué
à utiliser la voiture pour mes déplacements, sans avoir de permis de
conduire. Bien que je me comporte
généralement en bon conducteur, j’ai appris, durant ces 6 mois à devenir un
conducteur irréprochable. La peur de me retrouver nez un nez avec un policier
pas très conciliant, m’a fait adopté un style de conduite exemplaire. J’espère que le reflexe remplacera la peur,
et que je continuerai à être aussi
intransigeant avec le code de la route.
On ne se rend véritablement compte de la valeur
d’un vulgaire permis de conduire que lorsqu’on le perd, j’ai compté environs 4
000,00 dirhams en intégrant les frais de timbre, frais médicaux, les
demi-journées non travaillées, les déplacements, les cafés (les miens), les
cafés (ceux de vos fonctionnaires), et tout le reste
Grâce à votre administration, j’ai pu ainsi vivre
une histoire incroyable. Tout le mérite vous en revient – Certainement a vos
prédécesseurs aussi-. Une histoire jalonnée de rencontres magnifiques, de
déplacements, de demi-journées de congés, d’heures interminables à respecter
les filles d’attentes que personne ne respecte, d’échanges passionnant avec des
fonctionnaires qui m’expliquent le bien fondé de la bureaucratie, de
négociations avec des gens peu conciliants, de remerciements pour les gens
naturellement conciliants.
Pour tout cela, croyez, Monsieur le Ministre des
Transport, en ma très sincère et éternelle gratitude.
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