jeudi, décembre 06, 2012

M. Daoudi, en prônant "l'université pour les pauvres", vous appauvrissez l'Université


Je peux dire que je n’ai jamais eu dans ma vie, le sentiment de vivre dans le besoin. Mes parents, tous deux fonctionnaires de leur état m’on permis de grandir dans un environnement sans faste certes, mais ou rien ne me manquait, ni l’essentiel ni l’accessoire… oui peut être une peu  le superflu.

Mes parents, à l’époque comme aujourd’hui, peuvent certainement être considérés comme une famille « aisée », « Mayssourine » pour reprendre un terme chers à nos Barbus du gouvernement.. Ils ont tout au long de leur vie payer leur impôt cela dit.

Au-delà de l’environnement matériel que m’ont procuré mes parents – à qui je rends hommage ici- ils m’ont aussi très tôt expliqué que mon seul héritage sera mon Education. 

J’ai donc, eu un parcours scolaire que l’on peu qualifier en toute modestie « d’exemplaire » en faisant, toute ma scolarité dans l’enseignement public, dans des petites villes, ou dans la banlieue de Rabat (rien de bien prestigieux quoi), avec Oulad  ou Bnat Cha3b –… En classe, la différence entre nous se faisait par l’assiduité, le sérieux, les notes, et les respect que nous témoignait nos maitres et professeurs.

Pour occuper ma semaine, mes parents m’ont envoyé dans des clubs de sport…, j’ai ainsi pendant longtemps pratiqué une art martial dans un club de quartier à 50 DH le mois, ou je côtoyait les fils des quelques coopérant étrangers, d’autre rejetons de « notables » ainsi que le fils du coursier, du mou3allim, du médecin  ou du trafiquant notoire de la ville … la différente être nous, se faisait par la couleur de le ceinture, la maitrise de nos Poomsey (KATA) et le respect que nous témoignait le Maitre… 

L’été, à coté de nos vacances filiales, mes parents m’envoyaient en colonie de vacances à Immouzer … gérée par l’administration pour qui travaillait mon père … là aussi, on avait beau être le fils du directeur, du chaouech , de la secrétaire, ou du grand directeur Central de Rabat,  nous étions tous logés à la même enseigne, au même dortoir, même réfectoire, et même uniforme … On était différents par notre discipline, notre capacité à apprendre des chants et à participer aux activités et au respect que nous témoignait le  Moniteur.

Mon Bac en poche, j’ai pu intégrer une école publique « d’excellence J » pour retrouver, ce qui se faisait de mieux comme Oulad Cha3b ou Bnat Cha3b. on était une centaine de fils de fonctionnaire, de général, d’épicier, et de petits agriculteurs…  bon, je ne peux pas dire non plus que c’était une école méritocratique, non plus … mais les critères de mérites étaient tout de même indépendant de la CSP… même qu’il ne faisaient pas beau être catalogué comme « mayssour »… mais bon ça c’est une autre histoire

J’était, comme tous les autres Oulad Cha3b, logé à la Cité Universitaire, 4 par chambre … 15 chambre par étage, et pas de douches, pas de resto U …  Ma première année, je partageait la chambre avec de parfait inconnus, issus de milieux beaucoup moins « nantis» que moi …  et même avec cela, la différence ne se faisait pas ce l’on montant de la dotation mensuelle que nous versait nos parents, mais  par l’amitié, l’honnêteté, la solidarité et l’estime et le respect qu’on pouvait se témoigner les uns aux autres.

Tout en étant issu d’une famille « mayssoura », j’ai fait mon école de la vie comme un Ould Cha3b, qui passait certes des vacances à l’étranger, mais ould Chaab  tout de même….

Pourquoi je vous raconter ma vie ? Parce que le parti barbu au pouvoir veut priver la prochaine génération de cette richesse.

Lahcen Daoudi, veux ainsi créer un nouveau ghetto de pauvreté, cette fois-ci au sein de l’université …  L’université réservée aux pauvres, il l’a dit devant le parlement… La cité universitaire réservée aux pauvres aussi, il vient de le dire devant le parlement aussi …  Qui sait, demain, seul les pauvres pourront y enseigner aussi ?

Après avoir combattu la mixité sociale dans les quartiers, en créant des Guetos en périphérie, Après avoir abandonné Ecoles publiques , après avoir tué les clubs sportifs de proximité en les abandonnant aux mafias des association de conseillers, les centres de vacances et  les colonies de vacances en les transformant en dortoirs miséreux et en les vidant de tout contenu éducatif et culturel   …  voilà Lachen Daoudi veut appauvrir l’université Marocaine de cette immense richesse que représente la mixité sociale,  le mélange des CSP …  Elle a été déjà vidée de la richesse que représentait, le melting-pot régional (aujourd’hui, les Fassis, partent à Fès, les Kadiri à Agadir, les Oujdi à Oujda…)  et international …

Cette idéologie qui veut confronter les composantes d’une même société sur la base de leurs revenus est dangereuse pour la stabilité future de notre société.

Ainsi,  le fils du concierge est condamné à voir le jour dans une maternité de pauvres, à ne pas aller à la garderie (il n’y a aucun service public de préscolaire) et aller à l’école des pauvres, a ne pas aller au conservatoire de pauvres car il n’existe plus, à trainer dans dar chabab des pauvres, à prendre le bus des pauvres, à s’inscrire dans un club d’haltérophilie, (Lhdid ) de pauvres, à supporter une équipe de foot de pauvres… puis, s’il a la chance de faire des études, a aller dans un université de pauvre et de se loger dans un cité U  de pauvres et manger de la resto U des pauvres aussi, le tout en regardant le TV des pauvres …

Mon fils lui sera condamné à naitre dans une clinique de riches, à  aller dans une crèche de riche, faire une école privée pour riche, faire du violon dans une école de musique  de riche, du judo dans un dojo de riche, à se faire déposer par un chauffeur de riches, a être membre d’un club de riche, et aller faire ses études dans une université privée de riche… le tout en branché sur les TV de riches.

A 20 ans, ils seront condamné tout de même à vivre ensemble … et là il découvriront certainement qu’il ne se connaissent pas ?  car chacun aura vécu dans son ghetto à lui…

Au  lieu de discourir sur la mise en place d’un nouvel apartheid anti « riche » dans ce pays, Le ministre de l’enseignement supérieur ferait mieux de faire le rapprochement entre son incapacité (financière ou moral, je ne suis pas là pour juger) à concevoir une politique publique qui permette a l’ensemble des marocain d’avoir accès à des études de qualité dans un environnement  favorable et un projet complètement Loufoque comme celui de relier par TGV Tanger à Casablanca.

NB : J’ai du mal a comprendre la notion de "riche" tel que vilipendée par  les populistes de ce gouvernement., du moment ou riche varie entre  ceux qui achètent des voiture essence, ceux qui touchent 25 000 DH, ceux qui touchent plus de 5000 DH, ceux qui mettent les enfants à la mission... 


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Encore heureux que Ba Daoudi n'ait pas pousser la plaisanterie jusqu'à dire que le sort de ces pauvres est entre les mains d'Allah, qui seul pourrait les sortir de la pauvreté, s'il le décide!

En entretenant le terreau de la pauvreté et des pauvres, Ba Daoudi et consorts entretiennent leur terreau électoral;

Sans pauvres et sans pauvreté, pas de P.D.J. ni de parti islamiste de quelque nature que ce soit!

Un pays de pauvres par contre n'a pas le temps de penser ni de critiquer : il subit et attend la solution divine.

Salvadorali a dit…

bravo et merci pour ce billet !
la prochaine fois que je rencontrerai le fils de M. Daoudi qui compte parmi les amis de mes amis, je lui signalerai ton billet, des fois qu'il ait le courage patriotique et intellectuel de le faire lire à son père ;-)

Unknown a dit…

daoudi 2013