jeudi, juillet 21, 2011

LETTRE OUVERTE AUX CASABLANCAIS : L’immeuble Piot Templier : premier bâtiment inscrit comme patrimoine national à être démoli avec la bénédiction de la Commune Urbaine de Casablanca !


note de l'auteur de ce blog : 
Le patrimoine architecture de notre ville a été pendant lonftemps délaissé. Aujourd'hui, il est mis en péril par cela même qui ont été mandaté par les citoyens de la ville pour le défendre.
J'adhère complétement a ce coup de gueule !  casablancaises, casablancais, de souches ou d'adoption (comme moi),  battons nous pour notre ville !
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Ce samedi 16 juillet 2011, nous avons assisté impuissants à la démolition de l’immeuble Piot Templier (sis angle boulevard Mohammed V et rue de la Chaouia). Cet immeuble a été construit en 1922 par l’architecte Pierre Ancelle. Il faisait partie d’un alignement urbain Art-Déco et Néomauresque exceptionnel voire unique au monde ; qui fait toute la valeur du boulevard Mohammed V.

L’autorisation de démolir signée par M. le président du Conseil de la ville de Casablanca le 26 mai 2011, constitue selon nous un déni flagrant de trois décisions officielles antérieures prises expressément pour la sauvegarde de ce monument historique :

  1. le PV de la commission du patrimoine du 8 janvier 2010 composée de représentants de l’agence urbaine, de la commune urbaine, de la préfecture Casa-Anfa et de l’inspection des monuments historiques, et qui décide de l’inscription sur la liste du patrimoine national d’une liste de 17 bâtiments dont l’immeuble Piot Templier.
  2. l’arrêté du gouverneur de la préfecture de Casa-Anfa n°33 en date du 29 décembre 2010 édictant un moratoire sur la démolition de tout bâtiment à caractère patrimonial (notamment ceux en cours d’inscription aux monuments historique) sur le territoire de la préfecture de Casa-Anfa, et ce pour une période d’un an.
  3. l’arrêté ministériel du 25 janvier 2011 pris par le ministre de la Culture (n° 196.11, publié au Bulletin officiel 5919 du 21 février 2011) portant inscription de l’immeuble Piot Templier à la liste des monuments historiques.
Sur la foi de quoi, Casamémoire dénonce avec force :

  1. la délivrance d’une autorisation de démolir un bâtiment inscrit à la liste des monuments nationaux,  en violation de l’article 6 de la loi 22-80 relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquités
  2. le refus des autorités de mettre fin à cette démolition, après avoir été saisies par la société civile dès le 15 juillet 2011
  3. la décision de M. le président du Conseil de la ville de Casablanca qui a permis la disparition d’un pan de l’histoire commune à tous les habitants en contradiction avec ses discours officiels favorables au patrimoine ;
  4. la désorganisation des services concernés de l’Etat et de la ville de Casablanca, apparente dans la gestion du dossier du patrimoine depuis des années ;
  5. l’instrumentalisation de la justice contre l’intérêt général et la désinformation lors de la procédure au  tribunal administratif, créant ainsi un dangereux précédant ;
  6. le désintérêt manifeste de certains acteurs privés et publics dans la préservation active du patrimoine  urbanistique et architectural de Casablanca, au moment où les casablancais montrent un plus grand attachement à leur histoire et leur mémoire.

Il ne s’agit pas uniquement de la disparition d’un édifice aussi important soit-il. Il s’agit de la démolition d’un élément faisant partie d’un alignement urbain exceptionnel et unique au monde : le boulevard Mohammed V qui par ce fait, perd tout entier de sa valeur. Il s’agit également d’un acte qui met en évidence un grave disfonctionnement dans la gouvernance locale et la gestion du patrimoine, ce qui est une atteinte à l’histoire de la ville, mais peut également remettre en cause la candidature en cours de préparation de Casablanca au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Casamémoire demande donc à ce que des mesures soient prises en urgence afin que cet acte irresponsable et ses conséquences néfastes sur le patrimoine de la ville de Casablanca, soient corrigés par les autorités compétentes et ne soit plus répété. Ceci passe par des mesures de conservation immédiate des bâtiments dont l’inscription aux monuments historiques a été réalisée ainsi que ceux dont l’inscription est en cours. Ainsi que par le prolongement de la validité de l’arrêté gubernatorial obligeant à un gel des permis de démolir des édifices patrimoniaux et son extension aux autres préfectures de la Wilaya de Casablanca en attendant la mise en place d’un véritable plan patrimonial global.

Casamémoire interpelle également toutes les autorités compétentes quant au danger à laisser s’installer une culture du mépris de la règle de droit, au nom du pouvoir ou de l’argent et invite les casablancais à se mobiliser fortement pour la sauvegarde de leur patrimoine commun contre toutes les tentatives de captation et de dénaturation de leur cadre de vie. Il s’agit aujourd’hui de redonner une cohérence à une ville mutilée et à conforter la volonté des autorités et des citoyens de participer au processus de sauvegarde du patrimoine et d’amélioration du cadre urbain casablancais.

Lettre ouverte adréssée par l'association Casamémoire http://www.casamemoire.org/



3 commentaires:

hmida a dit…

J'ai déjà exprimé sur mon blog mon coup de gueule face à cet acte de vandalisme commis par un ELU contre un élément du patrimoine casablancais qu'un représentant de ce que certains se complaisent à appler "Makhzen" a tenté de défendre!

Politiquonaute a dit…

Khalid Safir, le gouverneur de Casa Anfa à l'epoque des fait a un track record qui parle pour lui ... il avait par exemple instauré lorsqu'il officiait à Derb Soltan, les marchés de rue organisés et avait réussi à mettre de l'ordre et reconcilier les marchand ambulant avec les boutiques ... si le makhzen était fait de beacoup de Khalid Safir , on n'en saurait certainement pas là aujorud'hui

jeu argent en ligne a dit…

Belle photo ca donne envie !