jeudi, avril 12, 2012

Associations : La liste de Bassima Hakkaoui : l’arbre qui cache la forêt des subventions publiques des associations marocaines


Après les Grimat et la presse nationale, c’est autour du monde associatif d’être mis sous les feux des projecteurs par le gouvernement de Benkirane. Le nouveau ministre qui a hérité de la tutelle de la société civile, M. Choubani, avait lâché dans l’hémycicle il ya une dizaine de jours la liste des associations recevant des aides de l’étranger.


Ce que ne disait pas M. Chhoubani – en tout cas les médias ayant rapporté l’infirmation sont resté discret - c’est que sa liste concerne uniquement les association ayant choisi, dans le cadre de la transparence et de la bonne gestion de déclarer au SGG (Comme c’est prévu par la loi régissant les associations). Le Ministre en charge des relations avec la société civile ne saurait avancer le moindre chiffre sur le smillions de dirhams reçu en catimini pas des associations de tous genre…. Certaines sont d’ailleurs tout à fait son genre J


Récemment, et assez discrètement d’ailleurs, Notre Bassima Nationale, a publié sa liste à elle. Elle concerne les associations qui ont reçu des subventions de son département durant l’ère Nouzha Sakalli -2007/2011-. Je dis discrètement, parce ce que la liste mise en ligne vendredi dernier sur Hespress et La vie Eco notamment, ne sont plus disponible.


Bien évidement, les barbu sont férus de transparence, mais préfèrent balancer des PDF comme cela, invitant plus au voyeurisme qu’à une approche analytique.  Notre Bassima nationale balance ainsi un listing de plus de 50 pages avec des noms d’association et de son siège,  flanqués d’un montant ! 


Le Ministère de la solidarité ne va pas plus loin dans l’explication…. On ne saura rien sur les critères d’octroi de ces subventions, sur le type de projets auxquels sont destinés les fonds.
Le ministère de a également omis de signaler que des sommes autrement plus importantes qui sont sous sa tutelle à travers notamment un Etablissement Public, l’entraide Nationale, servent à financer, avec des montants bien plus conséquents, des milliers d’autres associations.


L’approche de Bassima Hakkaoui, aussi louable soit elle, lève le voile –désolé Madame la seule ministre – sur une partie « ridicule » du financement public des associations. Le ministère de la jeunesse est par exemple un bailleur de fonds important pour les associations opérant dans le domaine de l’enfance (notamment les colonies de vacances), tandis que la Ministère de l’Intérieur a réparti depuis 2005 une bonne partie des 10 milliards de dirhams de l’INDH à des associations.


N’oublions pas non plus que les collectivités locales arrosent abondamment le tissu associatif local, avec de fortes suspicions collusion entre les intérêts électoraux  des élus et les associations qu’ils soutiennent, comme le révèle la publication de la liste des associations financés par le conseil de la ville de Casablanca.
Autant dire que 229 millions de dirhams servi sur 5 ans ne mettent pas toute la lumière sur le financement public des associations Marocaine.


Une lecture un peu plus analytique de ce montant permet de dégager quelques éléments intéressant.  Ainsi, elles sont prés de 800 associations et plus de 1200 projets a voir reçu de l’argent de du Ministère de la solidarité selon la répartition annuelle suivante :

Années
Subvention
Association / projets
2007
31 101 880
295
2008
32 351 851
142
2009
57 676 576
281
2010
57 888 315
249
2011
49 363 338
237

Les 800 associations ne sont bien évidement pas traités de la même manière. Le montant des subventions annuelles se situer entre 4,5 millions de dirhams touchés par le SAMU social de Casablanca en 2010 5500 DH vérsé à une association pour la protection des enfants handicapés de Tétouan.

Le Top 10 des associations sur la base des Montant reçu :




Association
Ville
 Montant subvention
Année
SAMU SOCIAL
Casablanca
   4 500 000
2010
Appui au complexe social Sourire
Méknes
   3 629 700
2010
Badail /IFAD
Rabat
   3 500 000
2009
SAMU SOCIAL
Casablanca
   3 183 846
2011
Appui au Complexe Social Ibtissama
Meknès
   3 100 000
2011
des amis du Complexe Social Ainâtik
Ain Atik
   3 000 000
2010
Partenariat MDSFS/ADS/CPDH
Laâyoune
   3 000 000
2009
Appui au complexe social Sourire
Méknes
   2 600 591
2010
Badail /IFAD
Rabat
   2 500 000
2008


Le listing  révèle aussi l’existence de cumulards. Ce sont soit des Association recevant des subventions annuelles pour le même projet,  ou alors des association qui reçoivent des financements pour des projets différents ou sur différentes villes.


Ainsi, si ont tien compte du cumul des subventions, on se retrouve avec un top 10 légèrement différents.

Association / projets
Montant cumulé des subventions
Partenariat MDSFS/ADS/CPDH
          14 287 500  
SAMU SOCIAL
          11 183 846   
Les Parents et Amis d'Enfants Handicapés Mentaux
            7 613 100   
Centre Social d’Education et de Réinsertion des Personnes Handicapées
            7 006 000   
Badail /IFAD
            6 000 000   
Marocaine pour Enfants Sourds
            5 420 800   
Institut Lalla Mryam des Enfants Autistes
            3 849 000   
Appui au complexe social Sourire
            3 629 700   
Appui au Complexe Social Ibtissama
            3 100 000  
Associarttion des amis du Complexe Social Ainâtik
            3 000 000  

En termes de répartition géographique des associations subventionnées, des sommes colossales sont englouties par les Grandes villes. Précisions toutefois que le répartition géographique se base sur le siège de l’association et non sur l’affectation du projet. Il se peut donc que les fonds reçu par les associations installées à Casablanca et Rabat servent en fait à des  projets dans les autres régions.

Villes
Subvention
Associations / Projet
Casablanca
    52 737 618
206
Rabat
    47 105 618
230
Tanger
    10 166 000
43
Fès
     9 202 820
65
Méknes
      8 759 091
25
Marrakech
      8 474 950
44


Les fonds du ministère de la solidarité soutiennent tout type de projet. Mais consacrent des sommes importante aux secteurs de l’handicape, de la femme, de l’enfance, et de lutte contre la précarité … des domaines d’action a priori en phase avec la mission de ce département.

Domaine d’intervention des associations
Montant de la subvention
Nombre d’Associations
Handicape
  66 100 100
324
Précarité
  19 189 846
17
Développement Local / Environnement
  18 918 198
169
Enfance / droit des enfants
  18 007 727
54
Programmes Gouvernementaux / Œuvres sociales…
  17 205 500
21
Orphelinat / EPS / AMB
  16 678 380
32
Education
   8 019 776
39
Réseau Associatif / appui au tissu associatif
   6 126 000
64
Droit de la femme
   5 434 360
80

La question à se poser est encore une fois bien plus importante du qui a reçu combien. Ce que nous attendons du gouvernement, ce n’est pas d’amuser la galerie avec des listes : mais de nous dire comment ils comptent procéder pour mettre un peu de l’ordre dans  tout cela. Il est tout a fait normal que l’Etat injecte des fonds pour soutenir l’action d’association, des plus grandes, au plus petites association de quartier. Mais l’Etat doit à travers ce soutien financier tirer le tissu associatif vers le haut : aider les petites structures à s’organiser, à communiquer… accompagner la grande structure dans des démarches d’institutionnalisation et de professionnalisation.

Madame Hakkaoui est bien gentille de nous révéler là ou son prédécesseur a « investi une partie de son budget. Mais ce que nous attendons d’elle est plutôt de savoir si elle compte continuer ce type de soutien, selon quels critères, dans quelles conditions, et pour quels domaines ?  Continuera-elle le soutien aux association de soutien aux femmes célibataires et ou aux enfants « abandonnés ». Continuera-elle à arroser  toutes ces associations Féministes qui ne partagent pas avec elle la même conception du rôle de la femme dans la société ? Liera-elle ce type de soutien à une évaluation des actions sur les  terrains.

M. Choubani aujourd’hui en charge du secteur associatif en doublon avec le Secrétariat Général du gouvernement doit mieux nous expliquer son nouveau rôle de tutelle de la société civile. M. Choubani, prompt à pointer du doigt tel festival ou tel association pour ces financements extérieurs, ferait bien de nous expliquer son nouveau rôle et comment il compte organiser son département pour « gérer » la relation avec la société civile. Va-t-il fait doublon avec le SGG qui tient les clés de l’Utilité Publique, héritera-il des prérogatives du ministère de l’intérieur ou vas-t-il devenir un organisateur de forum et de débat avec la société civile ?

C’est ce genre de choses sur lequel doivent se pencher-en tout bien tout honneur- Madame La seule ministre et son collègue Choubani.

Disclaimer

  • 1- Les données sur ce fichier proviennent tous d’un travail d’édition sur un document PDF et d’une homogénéisation des noms des associations, avec les risques d’erreur que cela peut comprendre
  • 2-  Les domaines d’intervention des associations ont été « devinés » à partir du nom des associations et de ma connaissance de certaines structures. Les associations au nom non évocateur ont été classées dans la catégorie « divers »
  • 3-  Je suis personnellement très impliqué dans le domaine associatif. L’association pour laquelle je travaille est dans cette liste et est récipiendaire d’autres fonds publics.
Liste des association recevant des fonds de soutien du Ministère de la solidarité : ici 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est quand même tragique que le budget alloué par l’état au palais est plusieurs fois supérieurs a celui de ces assoc'. Les Alaouis étant la famille la plus riche du pays...