Benkirane, le One Man Show…ha

Que l’on aime ou  pas, la performance cathodique de notre chef de gouvernement hier sur les deux chaines publiques ne peut pas laisser indifférents. Benkirane vient avec son « One Man Show » de faire accéder la communication politique au Maroc à un stade nouveau, celui de la politique Comédie.

Que l’on soit claire, les politiciens et les pratiques de la politique de ce pays ont souvent flirté avec le Tragi-comique.   Du « Sayfatani Sahibou al Jalala » de Arsalane Al Jadidi à la diction originale de Ali Yata, nos politiciens ont souvent fait sourire le Marocain. Le spectacle lors des grandes messes électorale et référendaire qu’a connu le Maroc durant les 50 dernières années a aussi apporte son lot de moments cocasses. Notre position de champions international des blagues politiques n’est donc pas le fruit d’un hasard. « Mieux vaux en rire » doivent certainement les marocains.

Toutefois, notre petit écran a en tout temps préféré habillé la politique d’un grand voile d’austérité et n’a jamais mis en scène la politique d’une manière qui puisse le rendre accessible, digérable ou même intéressante pour le spectateur Marocain.  La RTM avait poussé la plaisanterie de l’austérité jusqu'à couper systématiquement la voix de Driss Bassri, de peu que les marocains ne s’amuse de l’accent Settati du terrible ministre de l’Intérieur.

Les émissions politiques, que l’on compte sur le bout des doigts, sont toutes stéréotypés dans un format qui n’ambitionne pas de faire exploser l’audimat. Petit exception toute relative peut être pour Hiwar de Mostapha Al Alaoui.

Ainsi, nos hommes (avec un petit h, oui) politiques s’expriment quasi exclusivement à la TV lors de reportage fait lors de différentes occasion pour répéter une ou deux phrases  sorties de l’abécédaire de la langue de bois lorsqu’ils parlent de leurs partis ou de Guide du « Lahybarekf3mersidisme » lorsqu’i s’agit de commenter un discours ou une décision royale. Nos politiques se sont d’ailleurs, (par choix ou par dépit) plus souvent tourné vers des supports écrits, et l’arrivée des radios privées n’a pas franchement révolutionné la donne.

Lorsqu’il s’agit des premiers ministres, le voile d’austérité de transforme en culotte de chasteté tellement les prédécesseurs de Benkirane ont peu communiqué et ont choisi, soit de s’adresser de temps à autre à des supports étrangers, ou de limiter au maximum leurs sorties médiatiques nationales.

Youssoufi n’a fait qu’une seule interview durant son mandat – vers la fin sur (2M)-, à ma connaissance Jettou n’en a fait aucune (Il préférait plutôt distiller sa communication via son cabinet), et Abass El Fassi a fait une ou deux apparitions TV. Autant dire qu’en 4 mois d’exercice, notre Benkirane National a fait mieux que ses trois prédécesseurs réunis.

Au-delà de l’aspect quantitatif, Benkirane a bousculé les us et les coutumes de la communication politique marocaine, et ce dés sa première sortie sur Al Oula : la langue utilisée, plutôt Darija que Fousha, les sujet évoqués, plutôt populiste que langue de bois la manière dont il parle du Roi, plutôt bienveillant que idolâtrant, et sa propension extraordinaire à rire et faire rire son interlocutrice et les spectateurs.  Les interviews, conférence, discours au parlement, déclaration à l’emporte pièce faite ici et là ont toute confirmé une chose : Notre premier ministre aime communiquer et il le fait à chaque fois que l’occasion lui est donnée.

Le spectacle d’hier, bien qu’en phase avec l’esprit de communication du barbu en chef, accessoirement chef du gouvernement (c’est un peu le sentiment qui se dégage), reste cependant une première dans son genre à plus d’un titre :

• Une émission spéciale entre deux chaines publiques, histoire de maximiser l’audience
• L’émission est clairement une commande du CDG, il ne s’en est d’ailleurs pas caché
• Un Benkirane en colère sur quasi l’ensemble de l’émission
• Un Benkirane qui franchi toutes les barrières du populisme possible et imaginable pour se montrer comme proche du peuple : il parlera du prix de la pomme de terre, donnera des montant en rials, et fera des raccourcis extraordinaires.
• Enfin un Benkirane qui montre tout le dédain qu’il a pour les journalistes en face de lui, ils n’en placeront pas une et se contenteront durant toute l’émission du rôle de spectateurs. Il pousse même la plaisanterie jusqu’à remettre Goulehcen a sa place en lui rappelant que c’est lui qui a demandé « l’interview » et le ridiculise lorsqu’il lui pose une question.

J’ai souvent reproché à nos politiques d’être de mauvais communicants. Benkirane, ne déroge certainement pas a la règle puisque tout Halyki qu’il est, il n’en demeure pas moins un homme politique à la communication douteuse tant dans sa forme que dans son contenu.  Le Chef du gouvernement a été mauvais hier, car il n’a rien expliqué , et s’est contenté de tenir une discussion de café en face de millions de Marocains, il n’a pas hésité a monter les pauvres contre les riches, à balancer des non vérités et à multiplier les pirouettes pour éviter de parler des vrais sujet qui fâchent.

Piètre prestation politique Si Benkirane, on vous a élu pour gouverner pas pour nous faire rire.